( La beauté du Néguev. 2006 . )
Si seulement j'avais eu un bon appareil photo.
Le soleil éclot. Comme une rose, répand majestueusement ses pétales dorés, embués de rosée, timides et endormis encore. On court en-dessous, sur le béton gris. On roule. On s'aime comme on s'agresse. Au milieu de la foule compacte, comme noyé dans un courant, un vagabond. Il ne va nulle part. Il ne vient de nulle part. Tandis que les autres dépensent, projettent, organisent, dominent, réussissent, lui vit. Trois notes de Duke Ellington résonnent dans ses oreilles. L'accordéon chante dans ses jambes, les jettent en avant, le propulsent. L'éternel sourire de celui qui a trouvé un sens a sa vie de chaque jour rayonne sur son visage. Semble déteindre un peu sur les passants mornes qui le dévisagent d'un oeil curieux. Ses semelles laissent a chacun de ses pas un peu de la terre ocre du Colorado sur le bitume fade de Seattle. Un peu de l'air mordant des Alpes sur les pavés de Paris. Un peu de l'ahurissante beauté du Néguev en bas des tours de Tel Aviv.
(je sais, les articles suivants sont tous petits minuscules. Je n'y suis pour personne.)