Moi j'aime les choses bien propres, bien claires, les choses que ma tete peut ranger dans des jolies petites cases. J'aime les choses fixées qui ne bougent pas, j'aime pouvoir me dire "demain soir, a telle heure, je vois machin et on va faire ca". J'aime prévoir, j'aime faire des planning dont je sais pertinnemment que ne les tiendrai pas mais que je fait quand meme.
Autant vous dire qu'avec un copain qui ne vit meme plus au jour le jour mais à l'heure de l'heure, je douille un peu.

Mais je reconnaitrai au moins un avantage à cette prodigieuse incapacité à prévoir, c'est que ca me fait sérieusement bosser mes capacités d'improvisation et d'adaptation. Plus particulierement en ce qui concerne la gestion de la déception de la contrariété. J'apprend progressivement à arreter de faire la gueule et de m'inventer des problemes, juste pour que l'on s'intéresse à moi et qu'on me donne ce que l'on m'a refusé. Oui, c'est puéril, n'empeche qu'a une période cette réaction était devenue tellement systématique que j'avais failli en faire une dépression. (A force de s'inventer des problemes, on fini par en avoir vraiment. Oui, on peut s'auto-refuser le bonheur, je suis tres forte pour ca, je vous expliquerai si vous voulez, c'est tres simple vous allez voir.) Ne rien attendre, se contenter de ce qu'on a dans l'instant, 1.ca permet de saisir la beauté du moment, ce qui commence pas mal à ressembler a du bonheur, enfin je pense et 2. Ca évite d'etre perpétuellement frustrée. Comme disait Patrice, "the future doesn't exist, the past doesn't exist, there's only the right now". Et c'est vrai. A force de vivre dans le futur, a force d'attendre un "mieux" qui n'arrive jamais tel qu'on l'attend, on passe à coté de l'existence. Laisser les choses venir comme elles sont, sans systématiquement chercher à rendre le présent meilleur, sans perpétuellement idéaliser l'avenir. Laisser la vie venir à soi.
C'est l'amour des petits riens que je retrouve lentement - manger des pates au parmesan en rentrant de soirée, les rayons d'un soleil que l'on a pas vu depuis longtemps, prendre une douche en sortant de la ligne 13, boire un verre avec des copains, manger des mangues, et (c'est niais mais c'est bon) poser ma tete sur son épaule dans le RER C.

Et j'aime bien l'odeur des pates qui cuisent, aussi.