( Saul Steinberg, I Do, I Have, I Am ; 1971 )
C'est rageant finalement que Dieu, le hasard, la création, que sais-je, nous aie donné un esprit assez intelligent pour prendre conscience de ses limites mais pas suffisamment tout de meme pour aller au-dela. Peut etre qu'au fond c'est ca la vie : chercher à avancer toujours plus loin, passer par-dessus ses barrieres, les repousser. Alors la vie est illusoire. Peut-on passer au-dela des frontieres de son esprit ? Si oui, jusqu'a quel point ? A quoi bon alors, puisque quoi qu'il arrive, jamais l'esprit humain n'arrivera à la connaissance absolue ? Apres tout, n'est pas mieux ainsi ? Et si oui, alors a quoi bon chercher a se dépasser ? Et qu'est ce qui me prouve que toutes ces questions ne sont pas qu'une tentative vaine et absurde pur donner du sens a quelque chose qui n'en a pas ? Peut-etre que tout ca n'est qu'absurdité, mais ca me donne au moins la satisfaction de me placer dans la continuité de millers de milliards d'etre humains, les tres grands comme les plus petits, qui ont cherché a comprendre.
Il faut connaitre les obstacles avant de pouvoir les éviter. Moi qui pensait me connaitre, m'être trouvée. Deux jours, de grandes conversations et beaucoup de fatigue m'ont prouvé que je suis encore loin, tres loin du compte. Je ne sais plus quoi penser de rien. Je ne sais plus comment voir la vie, la mort, la société, les autres, moi-meme. Je ne sais plus qui je suis ni crois etre, ni si au fond c'est si important. Les seuls reperes qu'ils me restent, c'est vous et les jours qui passent. Le temps qui file à la fois une trame, un chemin a partir duquel l'esprit et le coeur peuvent pousser, rayonner, et à la fois la substance, la fibre meme de la vie. Et au fond, est-ce trouver qui est si important ? Quand on escalade une montagne, l'important n'est pas tant l'arrivée au sommet que les efforts fournis pour y arriver. L'essentiel est de tenter. Peut-etre que je n'arriverai jamais en haut, mais au moins j'aurais essayé...
Comment passer des problemes de la justice a la remise en question existentielle en une dizaines de sms et quelques mails. Ce que j'ai besoin maintenant c'est de parler.
Je vais m'enfermer et lire jusqu'a saturation.
Certains sont accablés par la vie. Il y a énormément de cons dans le monde. Moi, j'ai une chance inouïe de connaitre autant de gens si admirables. Pour les rires & les sourires complices, pour les discussions (en direct ou non), pour les remises en question, pour les mains tendues, pour l'aide constante, pour tout l'amour que vous donnez et que je ne sais pas vous rendre, pour vos mots, vos visages, vos sourires, vos bras, vos oreilles. En ces moments mouvementés tout particulierement ; Piou, Galane. Et pardon de la maladresse de ces mots.
Merci d'etre la, tous.