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Queyras 2007
 

On pourrait supposer que le changement inspire. Que, gonflée de l’air du Nouveau, je me mette a couvrir des pages et des pages, lourde écume de mes vagues émotionnelles. On pourrait s’attendre à ce que, pleine d’enthousiasme, j’explore la nouveauté. Debout, les yeux ouverts.
Eh bien non. Allez comprendre. Tout est différent, et pourtant si semblable. Parce que cet endroit peut-être, était l’image de la vie balançante que je voulais mener, oscillant doucement entre les mes points cardinaux : le cœur, l’esprit, l’âme et les yeux. Et avec ce départ, c’est comme un bout d’océan qui s’en va, la terre ferme qui apparait, rassurante et a la fois inquiétante. On devine les dangers lorsqu’on est en mer. Sur terre, ils viennent de n’importe ou, et d’abord de là ou on ne s’y attend pas. Mon danger vient de mon immobilité mentale. J’ai trouvé un banc confortable sur le bord du chemin, je m’y suis assise avec soulagement et je ne me résous pas à me lever. Je regarde en arrière, le chemin parcouru, et j’ai peur de ne pas savoir continuer de même. Cette éternelle peur, viscérale presque, sourde et si diffuse qu’il m’arrive de l’oublier. Cette angoisse de perdre ce que j’ai déjà. Ce frisson quand je pense à un avenir stationnaire et stagnant ; je veux évoluer, continuer à grandir sans mes hormones, pousser vers le ciel, toujours ! J’ai envie de garder cette insouciance farfelue, ce sourire en toile de fond floue, ce voile d’optimisme qui colore la vie. Et cette peur me pourrit la vie, m’empêche d’avancer, et moins j’avance plus j’ai peur, et plus j’ai peur moins j’avance. Et je suis jalouse, et mes neurones s’emmêlent, s’imbriquent, mon imaginaire débridé galope et accumule les images douloureuses, qui ne restent jamais que des images. Vivre sa vie, c’est quoi ? Se lever le matin, se rendormir le soir, bercée par une légère nostalgie anticipative, les yeux à demi clos mais le sourire aux lèvres ? Ce bonheur que je vis, est il réel ? Certainement pas aussi puissant que ce que j’ai déjà pu vivre, non, certes non. Serait-ce un stade intermédiaire, un bonheur intérimaire, comme une épaisse couverture qui protégerait du froid mépris indifférent ? Ou est ce ca, le bonheur au quotidien, être simplement satisfait ? N’avoir rien à déplorer, rien à souhaiter de plus, mener une vie confortable mais pas vraiment consciente ni à l’écoute d’elle-même, hormis de ses désirs et de ses besoins ?

C'est ca aujourd'hui, vivre ? Egrener les jours dans la douce chaleur bercante du quotidien, se laisser porter par le courant dans sa bulle, opaque, fermée et confortable, par dessus tout, stable ? Assouvir des envies que l'ont aime prendre pour des besoins ? Et fermer les yeux sur le radeau du monde qui part à la dérive, toujours plus loin du littoral de l'humanité ?