Nostalgie Anticipée.

Lundi 30 mars 2009 à 20:41

http://bidula.cowblog.fr/images/IMG2320.jpg
( Paris sous un soleil d'hiver. )

Ange.
Ne mens pas, le rouge de tes bras parle a ta place. As-tu réellement cru que ces cicatrices sanguinolentes allaient t'aider à déployer tes ailes ? Ce n'est pas en déchirant les voiles du bateau que tu l'empecheras de sombrer. Et te voila maintenant, les deux pieds toujours sur Terre et tes souffrances toujours présentes, collant désespérément ton avant bras contre ta taille et masquant par un sourire le carnage de ton champ de bataille intérieur.
Ange, je ne connait pas ton passé, je ne sais pas quel parasite vit en toi de la moelle de ton ame et de ta vivacité. Je n'ai rien à répondre à ton immense désespoir, non, je n'ai meme pas de quoi soulager tes cicatrices intérieures, celles qui saignent le plus. Je ne connait pas le baume qui apaiserait ton ame en lambeaux, ni l'aiguille pour recoudre les haillons de ton coeur. Mes paroles qui se voudraient réconfortantes ne peuvent rien contre le mur de ton douloureux mutisme. Je n'ai qu'une main à te proposer, une main et un message, Ange : si la malle de tes douleurs est trop lourde à tirer, souviens-toi que nos bras sont la pour soulager les tiens. Si tu es seule à tenir le gouvernail de ta vie, souviens toi que nous pouvons faire en sorte que tu aies du vent dans tes voiles. Souviens-t'en, je t'en supplie, la prochaine fois que tu voudras déployer tes ailes. Car je crains de voir venir le jour ou, exténuée par tes défaites dans cette bataille infinie que tu menes, tu lacheras le gouvernail et laissera ton bateau dériver lentement, jusqu'a l'endroit ou la Terre s'arrete.

Jeudi 26 mars 2009 à 21:23


http://bidula.cowblog.fr/images/IMG0146.jpg
 Twin Trees in Wadi Rum .

Il pleut. Une de ces pluies légeres, qui recouvre les cheveux d'une fine couche d'eau et alourdissent le ciel. Les allées du parc sont toujours semblables à elle meme. Les bancs toujours au meme endroit, les memes amoureux toujours assis dessus. Les memes enfants jouent dans les memes jeux de plastique. Je me suis assise - qu'ai-je a faire d'autre ? - et ai regardé la pluie tomber, les gouttes s'ecraser sur le bitume, une par une. Je me suis mise à penser à lui - je suppose que je devrais arreter de me prendre la tete, mais. Les souvenirs. Lui dans le confort et la satisfaction d'une vie qui n'avait rien a désirer de plus. Lui au sommet de lui meme, transcendé par un amour qui le rendait poete. Et puis lui dans les affres de cette déprime qui s'éternise et n'en finit plus d'étirer ses tentacules noires. Ces mots qui se raréfient. Mes efforts solitaires pour le retenir par la manche; "Dimanche ? - Non. - Plus tard ? - Pas de réponse." Mon vide intérieur soudain quand il me parle de ses déchirures, mes mots qui s'effritent et s'envolent dans leur futilité. Je me suis mise à penser et j'ai encore vu cette ombre se glisser à la comissure des souvenirs. Une écume evanescente, insaisissable et redoutablement présente. "Tu vois ? Tu vois bien, te mens pas, tu vois bien qu'il s'éloigne, que t'es la seule à faire des efforts, mens pas, je sais".
Et comme je savais qu'elle avait raison, je me suis levée et suis partie, pour ne pas voir, ne pas voir que j'étais en train de perdre un ami.

Jeudi 5 mars 2009 à 21:10

http://bidula.cowblog.fr/images/IMG2490modif.jpg

Revival.

Puisque apparemment, c'est ca la vie; des sommets de vertiges euphoriques, des plaines interminablement léthargiques, et des crevasses glauques et abruptes. Tout fini par passer, tout s'effrite ou se magnifie, se désagrege ou se transcende. Garder en tête que si ce qui devait etre un avenir est devenu un passé définitif, l'Avenir lui, avec un grand A, existe toujours et attend d'etre repeint. Et qu'au fond, ca vaut quand meme la peine de se battre pour garder la tete hors de l'eau. Garder en tête le magnifique sourire candide, éclatant d'ignorance innocente, du gosse en pull rouge du désert, son doigt pointé et la fierté dans sa voix, "keffieh !". Garder en tête tous ces instants-soleil, et s'accrocher a ca, croire qu'on peut s'en sortir, et se hisser tant bien que mal au dessus de soi-même.

<< Page précédente | 1 | Page suivante >>

Créer un podcast