Nostalgie Anticipée.

Dimanche 30 août 2009 à 12:19


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Irlande .

C'est pour cet ultime balancement, cette légere oscillation en équilibre sur le fil ténu tendu entre l'"avant" et le perpétel "pendant", cette amertume qui flue et reflue tout au fond de l'esprit, ce blues inévitable, décourageant, déséspérant et pourtant transcendant, que j'aime tant voyager. L'inévitable mélancolie du retour, ce moment ou, dans un éclair de lucidité et de recul face a sa propre vie, on refuse de laisser refluer une derniere fois tous ces instants qui deviennent souvenirs, ou refuse de laisser s'approcher la vague lourde et assourdissante du quotidien retrouvé. Perché tout en haut, sur ce fil qui sépare l'ailleurs du chez soi, on contemple une routine dans laquelle on a peur de se laisser ensevelir et, porté par cette lucidité que seul offre le retour brusque à une réalité oubliée, on survole d'un oeil fatigué des habitudes que l'ailleurs avait estompées, tout en jetant un regard mélancolique vers le "la bas", vers ces instants qui sont déja devenus des souvenirs.
Et puis, inévitablement, on tombe. L'équilibre se romp, l'esprit bascule, le rempart de mélancolie tombe et laisse déferler la vague. De nouveau, on se laisse engloutir par le tressaillement frénétiquement productif qu'on a, plus ou moins inconsciemment, choisi. La lucidité que le choc du retour nous donnait tremble, faiblit, s'éteint lentement, noyée dans sa propre cire. L'habitude revient, les gestes mécaniques ressurgissent d'en dessous de la couche de poussiere que l'oubli momentané avait déposé, ces sédiments d'ailleurs. Et on revient a cette vie, inconsciemment, et la nostalgie s'efface, sans meme qu'n s'en rende compte, et l'engrenage se remet en route, et les souvenirs sont punaisés au mur, et les odeurs oubliées, et la mélancolie dissoute dans quelques réminiscences, débris de souvenir naufragé qui remontent à la surface.
Et finalement, c'est en découvrant l'ailleurs qu'on saisit la réalité, la substance de l'ici, c'est en plongeant dans l'inconnu qu'on apercoit l'essence de l'habituel.

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" Plonger au fond du gouffre, enfer ou ciel qu'importe,
Au fond de l'inconnu pour trouver du nouveau ! "
( Baudelaire )

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[ Edit vilement et honteusement prosaïque : je vient de constater avec horreur que la largeur des articles n'est pas suffisante pour que les photos y tiennent en entier, et ca me casse sérieusement les ovaires. Si quelqu'un a une idée brillante, histoire que mes photos soient pas toutes coupées aux trois quarts, qu'il n'hésite pas =) ]

Mardi 11 août 2009 à 17:57

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Rome 2007

Quand l'avenir devient présent et quand s'imprime, en vérités floues et criardes, la réalité des peurs qu'on pensait pouvoir encore remettre à plus tard, on se sent chanceler, on se sent chavirer, abasourdi encore, ivre de cette certitude qu'il nous reste tout le temps du monde. Je les vois s'éloigner sur leurs radeaux, je sens le vent souffler dans leurs voiles et ne peux m'empecher de sourire amerement à leur liberté naissante, a la nouvelle vie qui éclot timidement entre leurs mains. Et moi, assise sur la rive, j'aspire à l'air du large, tout en ne cessant de jeter des coups d'oeil en arriere, tout en m'accrochant convulsivement aux brins d'herbe qui s'envolent un à un. Une question, lancinante et doucereuse : qu'allons nous devenir ?
J'ai envie de photographie, de théatre et de littérature. De savoir manipuler la beauté avec aisance, d'assembler mes miettes de mots et mes souffles épars en un monument de vent et de nuages, de mots cohérents et gracieux, savoir donner à ma sculpture une forme distincte, transformer ce magma idéaliste en paysage tangible. Quelque chose de vrai, quelque chose de grand, quelque chose de mieux. Apprendre et s'accrocher, trouver le courage de creuser jusqu'au fond de ses idées, plutot que de les effleurer du bout des doigts et de les chasser d'un soupir résigné. Finir de monter cette putain d'échelle vers des étoiles auxquelles je finis par cesser de croire.
Trouver l'humilité de me battre, trouver le courage d'accepter, celui de continuer à chercher, d'essuyer les refus sans réagir si démesurément. L'avenir est si brumeux que je m'y abime les yeux.


 

Lundi 10 août 2009 à 19:27

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  Wild !

Et les courses dans les rues en vélo a trois heures du matin; et les apres midi sous le cerisier, et le café - jus de pied fait a taton dans une maison maintenant désertée, les étoiles qui parlaient, les nuages, rouler dans l'herbe et les flammes qui dansaient, le hamac vert au fond d'un jardin, les souvenirs aux ailes crevées, bulles de papier qui viennent mourir sur la berge brumeuse de l'avenir. Quelques reves, des ébauches de chemins, trois traits grossiers de fusain sur la feuille blanche a gros grains. Un cahier orange a demi rempli, des divaguations introspectives, tant d'errances vaines et contemplatives... Laissez moi écouter la paisible et lourde respiration de mon esprit enfin soulagé, échoué sur les rives d'une mer aux abysses vertigineuses. Laissez moi tourner autour de moi meme, faire le tour de cette bulle d'Idéal inaccessible et rayonnante d'utopie. Vivre à en mourir... Accepter l'aléatoire, attendre et voir, soupirer d'espoir, caresser des yeux ces reves qui m'endorment le soir.
Nostalgie, eh oui...
Me voila reviendue des vallées pyrénéennes, dont les sommets sont en réalité bien plus loin qu'ils n'en ont l'air, croyez moi.  Du recul, oui, faire le vide, oh ca oui, de la solitude par paquets de vingt. De la verdure et des ciels bleus aux coins de mes yeux, dans la cave de mon coeur pour les hivers émotionnels. Un bilan apaisant et un regain d'optimisme, une envie de croire en l'avenir. Je suis retournée sur ce quai, je suis remontée dans ce train, je me suis promis de n'en plus descendre, et que les souffrances aillent se faire foutre. S'accrocher, s'agripper, ne plus rien laisser tomber, y croire jusqu'a la frénésie, jusqu'a la folie, jusqu'a l'absurde, pour ne plus jamais rien regretter.
C'est drole, comme ces mots s'effilochent...

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