Apres un an passé la tête sous l'eau, c'est finalement le blues qui me ramène ici. J'ai tourné entre ces quatre murs a en devenir folle, j'ai acculé ma mémoire à la connaissance, je l'ai forcée à absorber, comme une éponge, des montagnes d'informations déletères. J'ai écrit des lettres, des lettres d'amour, des lettres imbibées d'ennui, de dégout, de fatigue et d'espoir. J'ai attendu ces vacances, je les ai attendu comme jamais, avec ce qu'on appelle l'énergie du désespoir.
Je suis en vacances, et j'ai le blues.
Conclusion : quelque chose cloche la-haut.
Instabilité psychologique, aurait dit l'autre. Certains ont consulté pour moins que ca. J'ai tout pour etre heureuse, j'en ai conscience. Alors ce qui manque, au fond,c 'est peut etre tout simplement la volonté de l'être...
"Si vous voulez etre heureux, soyez-le", disait Tolstoï.
Car la plénitude est la, à deux doigts. N'ai-je meme plus assez d'énergie pour me hisser sur la pointe de mes pieds, pour m'élever de ces quelques centimetres qui me manquent pour la toucher ?
Je sais ce qui me manque, au fond. Et cela, je préfere le jeter dans la mer de la Toile plutot qu'écrire une lettre de plus qui ira se perdre au fond d'un tiroir. C'est quelque chose de tout bete, un peu comme Chimène à qui on ordonne de porter le deuil pendant un an pendant que son cher et tendre va bouter les Maures hors d'Andalousie. Je suis une môme, une môme amoureuse, une môme amoureuse qui fait les cent pas en attendant qu'Il finisse ses... concours. Décidément.
Alors voila, c'est une solution un peu facile sans doute, mais  c'est aussi cela qui m'empeche de dormir le soir et qui me retient au lit le matin, qui, en-dehors de toute niaiserie romantique et éperdue, rend les choses plus fade, mine de rien.
"Tout est mieux avec toi que sans."
L'absence, le vide.
(Je n'imaginais pas que du vide puisse peser aussi lourd.)