« Ecrire, c'est aussi ne pas parler. C'est se taire. C'est hurler sans bruit. »
( Marguerite Duras, Ecrire )
Monsieur l'Ancien (qui est un monsieur très gentil, au passage) m'a rapellé qu'il y a déja 31 pages a mon blog, 31 pages que je m'occupe a relire par bribes et qui me font réfléchir. Est-ce l'évolution normale, saine et logique qu'on cache sous le mot réducteur "grandir", ou est-ce moi qui me suis dénaturée ? J'ai l'impression gênante que mes mots ont perdu un peu de leur spontanéité, de leur maladroite fraicheur. J'aime écrire mes pensées, directement du cerveau au clavier. C'est soulageant, c'est vrai mais d'un autre coté, l'écriture doit bien avoir un sens plus noble, une fonction moins égocentrique que celle ci. Si écrire n'est qu'un exutoire pour chacun, alors le monde tourne en rond, chacun lachant sa soupe de pensées et lisant d'un oeil vague celles des autres, et renforcant cette éternelle tendance a se placer soi-meme au premier rang, cet interminable engouement de l'humanité pour elle-même qui tue le dialogue et l'échange. Non, l'écriture doit bien avoir un autre role. Celui de transmettre, peut etre. Il n'y a pas grande différence entre transcrire par écrit ses pensées et les transmettre aux autrse, si ce n'est que dans le premier cas, on écrit dans un but purement égoiste, dans une vision de soulagement pour soi-meme, sans souci d'enrichir l'autre de quelque maniere, tandis que dans le deuxieme cas, les mots sont créés dans l'unique but d'etre lus et compris par les autres. Transmettre donc, livrer un petit peu de soi-meme, de ses convictions, de son expérience, non par esprit de comparaison mais par souci de don, don de soi. Ecrire, c'est se donner un petit peu, c'est sortir sa vie de son éternelle gravitation autour de son sujet, c'est aussi sortir de la solitude en s'offrant aux autres dans toute l'ampleur de la dimension humaine, en laissant ouverte une porte sur son esprit et en s'engouffrant partiellement dans celui du lecteur. Ecrire, c'est également laisser une trace, une empreinte de pied sur le long chemin de l'humanité, une substance à livrer a ce futur incertain, figer l'instant éphemere dans un écrin d'éternité. Ecrire, c'est la force de l'arme mêlée a la douceur de la vie, c'est comme une ouverture dans la cloison opaque qui sépare le physique de l'intellectuel. Ecrire, c'est choisir de vivre au lieu de survivre, de comprendre au lieu de subir, de sortir du rôle passif de spectateur pour devenir également acteur. Peut être...
( Pict from Deviantart )