Comme un calque. Qu'il est déroutant, au retour de l'ailleurs, de voir que rien n'a changé. Cette sensation que le monde s'est figé dans l'immuable, fossilisé dans la poussiere de l'habitude. Les yeux, éblouis de milles couleurs, oubliés dans milles ailleurs, perdus dans la volupté du nouveau et de l'inconnu sublime, doivent retrouver le terne cycle des jours, l'éternel déroulement des choses. La persistance rétinienne du souvenir. Comme un flottement, comme si tout ca ne pouvait pas etre vraiment réel, une faute de frappe dans le chemin de l'image au cerveau, une erreur de sensation ; quoi, alors c'est vraiment fini ...? Se réhabituer à l'odeur du diesel, au gens qui ne rient plus, aux facades grises et aux odeurs de la foule qui balance ?
A nouveau, cette sensation de m'effilocher un peu. Ne plus se perdre dans les méandres d'une jalousie assassine, d'une envie stérile, et profiter simplement, puisque c'ets encore la seule chose qu'il me reste à faire. Et puis grimper, encore, toujours, plus haut que les sommets, plus haut que les soleils, plus haut que les poètes.
Chercher la beauté dans le monde.
Ces discussions au coin de ma vie, ces cigarettes sous les étoiles, ces souvenirs d'ambre.
J'ai envie de te revoir.
Envie de revenir aux premiers temps, la découverte de Paris, des autres et de moi-même, cette seconde naissance ébahie, lentement épanouie dans le terreau d'une montagne d'amour.
Envie de retrouver une montagne à gravir, de retrouver le vent de ces sommets, l'euphorie d'avoir confiance en l'avenir. Ou du moins, d'avoir confiance en le présent.
Envie d'assassiner cet égocentrisme épuisant.
Et puis de m'arracher la face, aussi, en passant. (chut)

Ces crises de colere, instants vertigineux ou l'on hait le monde entier, ou l'on bout de l'intérieur, ou l'on hurle en soi meme, ou l'on se sentirait capable, si l'on en avait l'occasion, de s'envoler pour l'autre bout du monde et de tout planter la. Ou je me sens capable, si je te croisais, de te mettre la claque de ta vie sans que tu aies seulement le temps d'ouvrir la bouche. Ou j'espere meme une dispute, n'importe quoi, quelque chose qui puisse servir d'exutoire à cette colere monumentale, qui ne se fonde sur rien d'autre qu'une terrible et puissante frustration. Cette envie de hurler au monde a quel point je le hais. A quel point je l'aime.


Mais tu me manques tellement, si tu pouvais savoir.