Henri Cartier-Bresson.Je la déteste, je la hais, je l'exècre, je l'abhorre. Elle est gauche, maladroite, laide, grossière, comme la première sculpture d'un artiste raté et arrogant, elle est imbibée de prétention jusqu'à la moelle de ses os, elle est si faible, si niaise, capable de s'effacer timidement derrière un merci prononcé honteusement, a la va-vite, comme un paye une pute pour ses bons et loyaux services, son arrogance n'est qu'un fétu de paille qui vole au fil des vents, elle croit connaitre, elle croit expérimenter, elle croit avancer, mais elle ne fait que descendre sans cesse chercher au fond de ses gouffres glauques et béants jusqu'a la plus petite miette de ses douloureux démons, elle est totalement dépourvue de créativité, d'ingéniosité, ne sait que recopier, imiter, ressembler, envier envier envier, ce n'est qu'un grain de poussiere en trop, comme un objet hideux et inutile qu'on aimerait parfois jeter, sans jamais oser, elle espere sans cesse, vise une lune qu'elle ne sait pas regarder, a soif d'étoiles qu'elle n'a jamais su admirer, elle est même incapable de parler d'elle-meme à la premiere personne, comme un roseau incapable de supporter son propre poids.
Je me déteste, je me hais, je m'exècre et je m'abhorre.
Aucune haine n'est plus empoisonnante et destructrice que celle qui est vouée à soi meme, car elle se nourrit de sa propre substance, croît sur la moelle, la pulpe de l'etre qu'elle annihile peu à peu et réduit à un tas de cendres à la pensée bornée et circulaire, un tas de poussieres qui s'éparpillent peu a peu, jusqu'a ce qu'elles se perdent dans le néant. Lorsque le plus élémentaire des respect, celui qu'on doit à sa propre vie et sa propre existence, s'effiloche et s'amenuise, on a l'impression que tout, à l'intérieur de soi, s'effondre littéralement, j'aurais pu sentir mon coeur se décrocher de ma poitrine et tomber dans sa chute infinie, j'aurais pu sentir l'hémorragie de mon âme qui explose, son souffle brûlant qui brise jusqu'aux dernieres ruines d'une estime de soi ravagée, laissant derriere lui un champ de bataille taché du sang de mes convictions éventrées, souillé des entrailles de mes pensées déchiquetées.
Une ombre, une loque abandonnée.
Un sac mité rempli de vide. Un tas de cendres consumé de haine.
( Au moins, je n'entraine personne dans ma chute. )