Nostalgie Anticipée.

Samedi 19 juillet 2008 à 15:28





(  J a n i s   J o p l i n   ♥  )


Nous étions jeunes. Non, nous étions petits. Le monde, c'était une maison, une école, quelques rues et les plages de nos vacances. Ces vacances toujours trop courtes, ces journées d'été abrutissantes de chaleur dont n'apercoit la douceur que rétrospectivement.
( Summertime, time, time... )
Cette année-la, il n'y avait que les aînés et les grands-parents dans la maison rose à un seul étage. C'était le plus fort de l'été, les cigales hurlaient leur éternelle musique de toute la force de leurs frottements. Le soleil nous clouait à l'ombre la moitié de la journée. Nous montions dans le mimosa de derriere, aux branches grandes ouvertes qui semblaient nous attendre. Une chaise longue en-dessous, et ce n'était plus des graviers blancs mais l'eau furieuse de la mer, ce n'était plus le bois d'un arbre mais celui d'un grand mât, nous n'étions plus des gosses mais des marins faisant le tour du monde. Et nous l'avons fait, ce tour du monde à la voile, à l'heure de la sieste dans un vieux mimosa, en attendant l'heure d'aller à la plage au-dessus des graviers qui déferlaient  en puissantes vagues.
( Child, the living's easy. )
Le plus agé lisait A la Croisée des Mondes sur un transat de la terrasse, nous cherchions des pignes qu'on écrasaient à la pierre sur les dalles roses pendant que la grand-mere ne regardait pas, et qu'on mangeait sans faim, les doigts noircis par la coque écrasée. Lorsque le soleil tapait moins dur, on se serrait dans la longue Renault grise, on se battait pour aller dans le coffre et faire coucou aux conducteurs qui nous suivaient.
( Fish are jumping out )
On déboulait pieds nus sur les caillous de la plage, on construisait des chateaux tout au bord de l'eau aux remparts renforcés par des gravillons. De temps en temps, on interrompait notre éternel ouvrage de construction toujours démoli par la mer pour manger les Princes des vacances, ceux plein de sable, le gout du sel dans la bouche. Quand on rentrait le soir, on appelait ses parents en attendant son tour d'aller à la douche. Parfois, le grand-oncle et la grande tante venaient boire un verre ou meme manger, annoncés par l'odeur du barbecue.
( And the cotton, Lord, )
  Plus souvent, on allait une glace sur le port, méditant sur le parfum dès que l'on sortait de la maison, montant sur les rochers de la digue la glace en équilibre dans une main, et la mangeant de regardant la lumiere verte du phare tourner. Une nuit, nous nous sommes rejoints dans la chambre aux lits superposés, et chacun armé de son oreiller, nous nous sommes tapés dessus avec la joie triomphale des conspirateurs cachés, jusqu'a ce que le grand pere déboule dans la chambre, plus amusé qu'agacé et nous accorde un répit de cinq minutes de bataille acharnée ("mais ne faites pas trop de bruit, vous allez réveiller mamie")...
( Cotton's high, Lord, so high. )
Aujou'd'hui, le plus jeune passe en troisieme, le plus vieux commence sa 2e année d'études supérieures et le mimosa a été abattu.
Nos jours heureux . . .



Vendredi 18 juillet 2008 à 15:43



Paris, Marais


Fondre en larmes.
Qu'elle est belle, cette expression. C'est littéralement ca : fondre, fondre en larmes.
J'ai redécouvert le vent, le froissement des vagues et la caresse de l'odeur si douce du chèvrefeuille, j'ai perdu mes yeux dans l'intensité rouge des légers coquelicots, mon nez dans l'odeur des pins mêlée au sel de la mer, j'ai perdu mon corps sur la chaleur sensuelle du sable, j'ai perdu ma tete dans ses mots comme dans autant de parfums éternels. Trois jours n'ont pas suffi à saturer l'éponge assoiffée de sensations nouvelles que je suis. Je reviens, avec la certitude que la-bas les fleurs sont plus violettes, le soleil plus chaud, la nuit plus belle, l'herbe plus douce, les gens plus gentils. Ou peut-etre n'était-ce que la réalisation tant attendue d'un rêve maintes et maintes fois imaginé, idéalisé, magnifié, qui l'a rendue si belle. Je reviens et la platitude fade du jour, le ciel trop bas, la ville trop grise, me pèsent sur le coeur.
On était la, la main dans la main, les pierres me tordaient les pieds et on parlait de chateaux de sable, d'éternité, de choses sans importance que la proximité effrayante du départ qu'on occultait frénétiquement du courant de nos idées transformait en gouttes de trésor. Nous avions peur, peur des minutes qui arrivaient trop vite et nous retenions celles qui venaient avec mélancolie, marchant sur les galets, allongés sur un quai du port, l'un pres de l'autre, conscients de l'imminence de la séparation qui magnifiait les derniers instants de la présence de l'autre. Je voulais tout graver dans ma mémoire, comme autant de fraicheur pour les jours alourdis par les nuages chauds. Maintenant c'est arrivé. Maintenant a réellement commencé l'attente. Les adieux sur un quai de gare sont aussi romanesques que douloureux.

Soyons réalistes. Toutes ambitions ne peuvent pas lutter contre le courant. On finira tous comme ca, avec un chat, une maison de banlieue, la marmaille qui rit et qui crie, nos rêves d'adolescence en arriere-plan doux-amer et quelques sursauts de volonté révoltée, parfois. Qu'il doit être tristement ennuyeux d'être adulte...


( She hangs her head and cries on my shirt.
She must be hurt very badly.
Tell me what's making you sad, Li?
Open your door, don't hide in the dark.
You're lost in the dark, you can trust me.
'Cause you know that's how it must be. )
Cat Stevens

Dimanche 13 juillet 2008 à 18:46



( J'aime Klint. )


C'était affreusement interminable et ma confiance en moi en a pris un sacré coup. J'exècre cette timidité qui me freine tellement. Je voudrais tellement en sortir, c'est comme un carcan qui m'enserre, un joug qui m'étrangle. Et je suis sure que ca va me poursuivre, meme la-bas. Surtout la bas. Car etre pudique (parfois à l'exces) est une chose. Avoir la voix qui flanche et le regard qui fuit en est une autre. Comme je me hais, dans ces moments-la.
Sur ce, je file en Bretagne nord trois tout petits jours dont l'intensité sera (j'espere) inversement proportionnelle à la durée. Carpe Diem, bonnes vacances et toute cette sorte de choses.
Pis j'ai froid aux pieds, la.

Et puis sinon, juste comme ca, le 14 juillet c'est la fête nationale
mais c'est aussi et surtout la Ste Camille.

Mardi 8 juillet 2008 à 19:50


On a pas tous les jours dix-huit ans :
Joyeux Anniversaire Princesse Delphinou  )

Ils ont tous terminé leur oraux et je me sentirais presque soulagée pour eux.
J'attends activement la semaine prochaine qui se refuse à arriver.
Les jours se suivent et ne se ressemblent plus. C'est fatiguant mais tellement bon. C'est fait pour ca les vacances : s'offrir la possibilité de s'évader ailleurs, de s'échapper de la routine, de vivre sur une autre planete, dans sa tête. Tout se délite. Je fixe un point dans l'avenir avec tant de persistance que ma vue se brouille. Je fais tout ce que je fais uniquement pour m'occuper. La seule chose dans laquelle je me donne réellement, c'est cette attente affreuse, ces rêves délicieux en boucle tous les soirs. J'attend comme je n'ai jamais rien attendu. Jamais avec autant de force. J'ai l'impression de diriger chacun de mes gestes, chacunes de mes paroles vers cette échéance qui se rapproche avec une infinie lenteur. Je vivrai presque pour ca. Je sais quelles conséquences cela aura. Je sais l'état de dénuement, le vide, le gouffre immense qui se creusera en moi. Mais ca sera apres. Plus tard. Je ne veux pas y penser, pas encore, je veux projeter chacune de mes pensées vers ces minutes que j'attend si fort, si désespérément, cet instant ou je pourrai enfin te toucher, te serrer contre moi, cette seconde ou je tiendrai enfin dans mes bras quelque chose d'infiniment plus tangible et précieux que le vent chaud de mes rêves.
Lundi. Que c'est long...
Y a des musiques qui me prennent tellement aux tripes que j'en pleurerais.

Les Inconnus  ( avec Myriam & sa malbouffe ) ♥




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