Nostalgie Anticipée.

Samedi 2 juillet 2011 à 19:31

Moi j'aime les choses bien propres, bien claires, les choses que ma tete peut ranger dans des jolies petites cases. J'aime les choses fixées qui ne bougent pas, j'aime pouvoir me dire "demain soir, a telle heure, je vois machin et on va faire ca". J'aime prévoir, j'aime faire des planning dont je sais pertinnemment que ne les tiendrai pas mais que je fait quand meme.
Autant vous dire qu'avec un copain qui ne vit meme plus au jour le jour mais à l'heure de l'heure, je douille un peu.

Mais je reconnaitrai au moins un avantage à cette prodigieuse incapacité à prévoir, c'est que ca me fait sérieusement bosser mes capacités d'improvisation et d'adaptation. Plus particulierement en ce qui concerne la gestion de la déception de la contrariété. J'apprend progressivement à arreter de faire la gueule et de m'inventer des problemes, juste pour que l'on s'intéresse à moi et qu'on me donne ce que l'on m'a refusé. Oui, c'est puéril, n'empeche qu'a une période cette réaction était devenue tellement systématique que j'avais failli en faire une dépression. (A force de s'inventer des problemes, on fini par en avoir vraiment. Oui, on peut s'auto-refuser le bonheur, je suis tres forte pour ca, je vous expliquerai si vous voulez, c'est tres simple vous allez voir.) Ne rien attendre, se contenter de ce qu'on a dans l'instant, 1.ca permet de saisir la beauté du moment, ce qui commence pas mal à ressembler a du bonheur, enfin je pense et 2. Ca évite d'etre perpétuellement frustrée. Comme disait Patrice, "the future doesn't exist, the past doesn't exist, there's only the right now". Et c'est vrai. A force de vivre dans le futur, a force d'attendre un "mieux" qui n'arrive jamais tel qu'on l'attend, on passe à coté de l'existence. Laisser les choses venir comme elles sont, sans systématiquement chercher à rendre le présent meilleur, sans perpétuellement idéaliser l'avenir. Laisser la vie venir à soi.
C'est l'amour des petits riens que je retrouve lentement - manger des pates au parmesan en rentrant de soirée, les rayons d'un soleil que l'on a pas vu depuis longtemps, prendre une douche en sortant de la ligne 13, boire un verre avec des copains, manger des mangues, et (c'est niais mais c'est bon) poser ma tete sur son épaule dans le RER C.

Et j'aime bien l'odeur des pates qui cuisent, aussi.



Mercredi 8 juin 2011 à 19:32

Apres un an passé la tête sous l'eau, c'est finalement le blues qui me ramène ici. J'ai tourné entre ces quatre murs a en devenir folle, j'ai acculé ma mémoire à la connaissance, je l'ai forcée à absorber, comme une éponge, des montagnes d'informations déletères. J'ai écrit des lettres, des lettres d'amour, des lettres imbibées d'ennui, de dégout, de fatigue et d'espoir. J'ai attendu ces vacances, je les ai attendu comme jamais, avec ce qu'on appelle l'énergie du désespoir.
Je suis en vacances, et j'ai le blues.
Conclusion : quelque chose cloche la-haut.
Instabilité psychologique, aurait dit l'autre. Certains ont consulté pour moins que ca. J'ai tout pour etre heureuse, j'en ai conscience. Alors ce qui manque, au fond,c 'est peut etre tout simplement la volonté de l'être...
"Si vous voulez etre heureux, soyez-le", disait Tolstoï.
Car la plénitude est la, à deux doigts. N'ai-je meme plus assez d'énergie pour me hisser sur la pointe de mes pieds, pour m'élever de ces quelques centimetres qui me manquent pour la toucher ?
Je sais ce qui me manque, au fond. Et cela, je préfere le jeter dans la mer de la Toile plutot qu'écrire une lettre de plus qui ira se perdre au fond d'un tiroir. C'est quelque chose de tout bete, un peu comme Chimène à qui on ordonne de porter le deuil pendant un an pendant que son cher et tendre va bouter les Maures hors d'Andalousie. Je suis une môme, une môme amoureuse, une môme amoureuse qui fait les cent pas en attendant qu'Il finisse ses... concours. Décidément.
Alors voila, c'est une solution un peu facile sans doute, mais  c'est aussi cela qui m'empeche de dormir le soir et qui me retient au lit le matin, qui, en-dehors de toute niaiserie romantique et éperdue, rend les choses plus fade, mine de rien.
"Tout est mieux avec toi que sans."
L'absence, le vide.
(Je n'imaginais pas que du vide puisse peser aussi lourd.)

Jeudi 24 mars 2011 à 22:26


Et puis on se retrouve soudain sans plus rien à dire.

Samedi 18 décembre 2010 à 0:11

Blanc.
Le vide indigeste. Et pourtant si vous pouviez voir tout ce qui tonne et résonne dans ma tete, si vous pouviez savoir tout ce qui tourbillonne sous mon crâne. Tout ce qu'il a fallu que j'oublie pour pouvoir apprendre, tout ce que qu'il a fallu que j'enterre dans les poussières du souvenir... Suffisamment pour rendre inconsciente la monotonie des jours, pour la noyer dans un millier de minuscules objectifs dérisoires, "finir la semaine", "avoir appris ce cours avant ce soir", "avoir ce putain de concours". Et se retrouver face a soi-meme a mi-course, avec ces mots perdus qui n'en finissent pas de s'effilocher, à tenter de mesurer l'ampleur de tout ce qui a changé, a distinguer le profitable du regrettable, et a tenter de retrouver ces mots noyés dans les automatismes inconscients, dans ces petits riens qui rendaient les jours presque heureux, de ce bonheur idiot de l'imbécile qui se force a ne pas trop réfléchir...
Et cet immense bonheur, conscient celui-la, ivre meme de sa propre conscience. Constater qu'on a eu raison de croire en l'amour, celui qui fait vivre plus fort, celui qui fait exister.

Dimanche 12 septembre 2010 à 17:46

Médecine c'est la galère.
J'aime bien.

Je ne sais plus trop si ce sont les mots qui s'échappent ou si c'est moi qui ai cessé de leur courir apres. Sans doute les deux à la fois. Comme si j'avais enfin fini d'avoir quelque chose à prouver à moi même, comme si j'avais fini par mettre un point final à l'interminable liste des comptes que j'ai à me rendre. L'horizon, loin la-bas, se délite un peu, se mêle aux souvenirs, aux nostalgies poussiéreuses et aux projets mort-nés. C'est étrange de savoir ou on va et comment on y va. Comme si l'on perdait un petit quelque chose à toujours vivre pour, comme si l'on en oubliait de vivre avec. Vivre avec les choses, avec les sentiments, avec les autres; vivre gonflée d'amour et de poésie, gorgée de soif d'un avenir dont on ne sait pas grand chose - l'inconnu paraît toujours tellement, tellement plus beau. Le cocon se brise et l'on respire enfin, la premiere bouffée d'air du nouveau-né, à peine douloureuse tant elle est belle.
Les mots s'effilochent et Paris court toujours.
Et on court toujours, et on cherche tous ce petit rien, ce soupir qui nous rendra un peu plus vivants, cette seconde qui nous fera comprendre que l'on existe, nous fera prendre conscience de ce que cela signifie vraiment. Cet instant ou l'on comprendra la vraie valeur des choses, éclairées qu'elles seront à la lumière de notre finitude.
Vivre heureux, c'est rester perpétuellement dans la joie de se sentir mortel.


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